Dans le protestantisme actuel, l’adhésion à une confession de foi n’est pas toujours bien perçue. Les raisons en sont multiples. Les objections aux confessions de foi peuvent prendre des formes très diverses et variées, certains y étant plus farouchement opposés que d’autres.

Néanmoins, parmi les Églises qui admettent l’utilité des confessions de foi, toutes ne sont pas d’accord quant à la place que ces dernières devraient occuper dans la vie de l’Église. Dans les grandes lignes, il est possible de distinguer deux types d’Églises :

  1. Celles qui pensent que leur confession de foi est bonne, utile et importante, mais qu’il n’est pas nécessaire pour les pasteurs d’y souscrire en tout point. Attention, cela ne signifie pas que toutes les exceptions soient permises. Il y a des fondamentaux, dont la liste variera d’une Église à l’autre, auxquels il faut nécessairement souscrire. Mais sur le principe, l’adhésion totale à chaque point de doctrine de la confession n’est pas obligatoire.
  2. Celles qui pensent que leurs pasteurs doivent nécessairement souscrire à chaque article de la confession de foi. C’est par exemple le cas de notre Église.

On objecte alors souvent aux Églises de type 2 un argument ayant peu ou prou cette forme :

« Vous surestimez la valeur de votre confession de foi. En y adhérant si strictement vous vous fermez à tout progrès théologique. Votre confession est longue et détaillée, et dans le futur, lorsque le Saint-Esprit donnera à son Église une meilleure compréhension de sa Parole, on découvrira que certaines des doctrines de votre confession étaient erronées. Adhérer si strictement à un document vieux de quatre siècles, c’est faire fi des progrès théologiques à venir ! »

Cet argument n’est pas nouveau. Il n’est pas non plus pertinent. Dans une de ses leçons donnée au séminaire théologique de Westminster en 1939, le principal John MacLeod y répondait ainsi :

« Il existe un refrain bien connu faisant valoir que le Seigneur doit encore faire resplendir beaucoup de lumière provenant de sa Parole… Si les croyants n’en doutent pas, ils savent également, dans la mesure où ils ont été bien instruits et établis dans la connaissance de la Parole, que la lumière nouvelle qui doit resplendir n’annulera pas, ne compromettra pas et ne diminuera pas l’éclat de la lumière de la Parole qui resplendit déjà. Ce qui est nouveau ne fera qu’intensifier ce qui est ancien. Il ne l’obscurcira pas et ne le relèguera pas… Il s’agira de détail et non d’un principe de grande envergure… Nous n’avons pas à craindre que la foi, telle qu’elle a été confessée initialement, soit ébranlée ou renversée. Elle est trop bien ancrée sur le fondement de la Parole divine pour courir un tel risque. Et quant à la découverte d’autres vérités qui viendraient modifier ce qui est contenu dans les confessions réformées, le système enseigné dans la foi réformée est si véritablement un écho de la parole apostolique que ceux qui le maintiennent n’ont pas à se laisser troubler ni à craindre qu’il soit un jour écarté… La vérité déjà connue peut être connue de façon plus complète et plus parfaite. Elle peut être mieux perçue dans son ensemble et dans la liaison et les relations de ses différentes parties. Sa puissance, sa beauté, sa douceur et sa gloire peuvent être plus richement connues. Mais ceux qui ont appris l’Évangile de la gloire du Dieu bienheureux peuvent être assurés de ceci : toute autre vérité qui, comme la lumière, resplendira de la Parole, n’aura rien à objecter à la vérité et à la mesure de ce qu’ils connaissent déjà. »

C’est donc avec sérénité, et une joie non feinte, que nous attendons ces nouvelles lumières en retenant fermement la confession de notre foi.

Rév. Hugues Pierre

Une réflexion sur “Notre confession de foi sera-t-elle rendue obsolète par les futurs progrès théologiques ?

  1. Ces belles lignes du Principal John MacLeod résonnent comme une apologie du protestantisme confessionnel. Même si elles ne sont pas nommées explicitement ici, nos confessions de foi protestantes historiques (Augsbourg, La Rochelle, Pays-Bas, Seconde helvétique et bien sûr Westminster…) affleurent sous les mots de son discours. La raison tient au fait que ces vénérables confessions ne peuvent être rendues obsolètes par quelques prétendus « progrès théologiques » puisque ce sont elles, précisément, qui ont exprimé, chacune en leur temps et à sa manière, le véritable et déterminant progrès théologique que la Réforme a apporté dans la fidélité à la Parole de Dieu. Tout pasteur qui a donc à coeur de souscrire à tous les articles de la confession de foi de son église – quelle qu’elle soit – ne peut qu’exprimer des paroles d’une identique saveur.
    A la sérénité et à la joie non feinte, peuvent donc s’ajouter… des nuits paisibles (Ps. 4.9).

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