UnPresbytérien est heureux de vous présenter une nouvelle série d’articles sur les grands hommes de notre Église. Cette semaine, nous vous présentons Thomas Chalmers.

I. Jeunesse et éducation

Thomas Chalmers nait le 17 mars 1780 à Anstruther, en Écosse. Il est le sixième des quatorze enfants de John et Elizabeth Chalmers. John et Elizabeth sont de respectables réformés, membres de l’Église nationale. Ils tâcheront de transmettre à leurs enfants, non seulement les rudiments de la piété réformée, mais aussi un amour sincère des pauvres et des plus démunis. 

Le jeune Thomas fréquente l’école paroissiale. Ironiquement, à cette époque, il se fait remarquer par sa force physique et sa gentillesse plus que par sa vivacité d’esprit. 

À onze ans il intègre l’université St Andrews où, sur les instances de son père, il étudiera la théologie. Hélas ! St Andrews est alors le bastion des Modérés. Les Modérés formaient un parti considérable dans l’Église nationale. Ils étaient, pour ainsi dire, les libéraux de leur temps. Thomas Chalmers finira par être gagné à leurs idées. C’est donc comme un modéré qu’ils s’apprête à entrer dans le ministère. 

II. Révérend Chalmers

En 1802 Thomas Chalmers devient le pasteur de la congrégation de Kilmany. Néanmoins le jeune homme éprouve – et c’est le moins que l’on puisse dire – peu d’intérêt pour le ministère. Il lui préfère largement l’enseignement des mathématiques, ce à quoi il s’applique durant son temps libre. Mais son presbytère lui interdira cette activité. Vexé, Chalmers laisse alors entrevoir ce caractère si déterminé, qu’il mettra plus tard au service du Christ, en écrivant au modérateur du presbytère les mots suivants : « je lutterai jusqu’à mon dernier souffle pour l’indépendance, et je regarderai avec dédain tout homme qui voudra m’en priver ». Malheureusement ce zèle sans intelligence n’est pas sans conséquences puisque sa congrégation se vide peu à peu… 

Cependant les années 1809-1811 vont marquer le tournant décisif de la vie de Chalmers. En quelques mois il va frôler la mort, perdre un frère et deux sœurs, échouer dans ses fiançailles, étudier sérieusement la Bible et les Pères, entrer en contact avec des orthodoxes et lire de bons livres. Au travers de ces évènements, Chalmers va se convertir. Adieu le modératisme. Il est maintenant un réformé orthodoxe. Par la même occasion, il devient un vrai pasteur et un excellent prédicateur. Les gens ne tardent pas à venir l’écouter, en nombre. 

En 1812, il épouse Grace Pratt avec qui il aura six enfants. 

Entre 1815 et 1823 Chalmers sera successivement le ministre de deux congrégations à Glasgow. Sa prédication attire alors énormément de monde (il sera d’ailleurs honoré du titre de docteur en théologie à la même époque). C’est dans cette grande ville du pays que son ministère prendra une nouvelle dimension, puisqu’il sera l’occasion pour Chalmers, conformément à l’enseignement de ses chers parents, de s’appliquer à régler les problèmes sociaux de ses contemporains. Et pour ce faire, Chalmers décide de s’appuyer sur ses anciens. Il leur confie la tache : 

  1. D’amener l’Évangile aux plus démunis.
  2. De s’enquérir de leurs besoins. Ce n’est plus aux pauvres de venir demander de l’aide à l’église, c’est à l’église de prendre les devants et de s’occuper d’eux. 
  3. D’exhorter les plus riches à donner pour les plus pauvres. 

Contre l’illettrisme, bien plus important en ville qu’à la campagne, Chalmers crée des écoles du dimanche soir pour apprendre la lecture aux enfants. En deux ans, le nombre d’enfants fréquentant ces classes passe de 13 à 1200. 

Ainsi pour Chalmers, c’est dans la communauté chrétienne que doivent se trouver les solutions à la misère sociale. Un bon rappel pour nos jours !

III. Professeur Chalmers

En 1823 Thomas Chalmers accepte la chaire de philosophie morale à l’université de St Andrews. Ce faisant, il nourrit un but bien précis : influencer les futures générations de pasteurs. Néanmoins St Andrews est toujours un bastion modéré. Et le ciel ne va pas tarder à s’assombrir sur la tête du nouveau professeur. Bien que sa présence ait suscité un réveil parmi les étudiants, Chalmers fait face à l’opposition de ses collègues. En 1828 il accepte donc la chaire de théologie à l’université d’Édimbourg. Il y restera jusqu’à la Disruption. 

C’est dans ce laps de temps, entre 1828 et 1843, que Chalmers deviendra une personne très importante dans la vie de l’Église. Il prendra part à plusieurs controverses politiques et ecclésiologiques sulfureuses. Parmi elles, la controverse connue sous le nom des « Dix ans de conflit » tient la première place. Durant ces dix années (1834-1843) Chalmers luttera pour que l’État cesse ses intrusions répétées dans les affaires de l’Église. Mais il n’y a rien à faire, l’État demeurera impénitent. 

IV. Le fer de lance de l’Église libre

18 mai 1843. L’ambiance est électrique, insoutenable. L’Église d’Écosse tient son assemblée générale et, depuis quelques temps, un bruit court : des pasteurs seraient prêts à quitter l’Église nationale et l’établissement pour mettre fin aux intrusions de l’État. Dehors, il y a foule. Ces hommes oseraient-ils vraiment faire cela ? Et puis, qui sont-ils ? Et surtout, combien sont-ils ?

Le modérateur de l’année précédente, le Dr Welsh vient d’achever son sermon. Maintenant, il doit prier pour constituer la nouvelle assemblée générale. Mais stupeur ! Le Dr Welsh se contente d’une simple prière de bénédiction. Après cela, il brandit une protestation, affirmant que l’Église ne peut pas procéder à son assemblée générale dans de telles conditions, car les termes de l’alliance entre l’Église et l’État ne sont plus respectés. Le Dr Welsh dépose le document devant le commissaire royal, et il quitte l’assemblée. Immédiatement un homme se lève pour lui emboîter le pas. Serein et déterminé, il s’agit de Thomas Chalmers. 

Accompagnés de centaines de pasteurs et d’anciens, ces hommes prennent la direction du Tanfiel Hall Assembly, sous les yeux d’une foule médusée. Le Dr Welsh procède alors à la prière de constitution. L’assemblée générale constituée, elle doit procéder à l’élection de son nouveau modérateur. Qui se verra conférer l’insigne honneur d’être le premier modérateur de l’Église libre ? C’est évidemment Thomas Chalmers qui est désigné par ses pairs. Pendant son sermon, il prononcera ces mots passés depuis lors à la postérité : 

« Nous estimons que chaque composante et chaque organe d’une nation doivent être imprégnés du christianisme et que chaque fonctionnaire, du plus grand au plus petit, doit, dans son secteur respectif, faire tout ce qui est en son pouvoir pour le soutenir et le défendre. En d’autres termes, bien que nous quittions l’établissement, nous le quittons avec le principe d’établissement – nous quittons un établissement vicié, mais nous nous réjouirions de revenir à un établissement pur. En d’autres termes, nous défendons la reconnaissance et le soutien national de la religion ».  

V. Rebâtir le temple

Après la Disruption, l’Église libre n’a plus rien : plus d’églises, plus d’argent, plus de biens ni de possessions. Chalmers, lui, se rapproche doucement du crépuscule de sa vie. Ses dernières contributions à l’Église seront pourtant dantesques : 

  1. En 1843 il est à l’origine de la création du Nouveau Collège à Edimbourg, chargé de former les futurs ministres de l’Église. Il en devient le premier principal et professeur de théologie.
  2. Il sera également à l’origine de la création du fond de soutien pour les pasteurs. Le principe de ce fond étant que les églises les plus riches aident les plus pauvres afin que tous les pasteurs aient un salaire minimum commun. Il partira en campagne pour demander de l’aide. Avec l’argent récolté, 700 églises seront bâties, ainsi que 500 écoles et 400 maisons pour les pasteurs.

En mai 1847 il effectue un voyage politique à Londres, lequel ne se passe pas bien. Après cela, sa santé déclinera rapidement. Au matin du lundi 31 mai, Chalmers était trouvé mort dans son lit. Il avait succombé à une crise cardiaque. 

Près de 100 000 personnes assisteront aux funérailles de Thomas Chalmers. Jamais, rappellera le journal The Scotsman, on avait vu un tel cortège pour accompagner un défunt. Un géant, respecté de tous, venait de rejoindre sa demeure céleste. 

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