UnPresbytérien est heureux de vous présenter une nouvelle série d’articles sur les grands hommes de notre Église. Cette semaine, nous vous présentons William Cunningham.

William Cunningham est pour sûr l’un des hommes les plus éminents de l’Histoire de notre Église. Il en fut le théologien le plus doué. Par sa plume et ses discours admirables il a défendu avec un zèle intarissable les doctrines et les principes chers à la foi réformée. Très tôt dans sa vie, il avait eu la conviction que celle-ci serait faite de controverses. C’est la vie d’un homme brillant, passionné et mû par la gloire de l’Évangile que nous vous proposons maintenant de découvrir.

I. Enfance et éducation

Fils de Charles et Helen Cunningham, William naît le 2 octobre 1805 à Hamilton. Les Cunningham sont descendants directs des Covenantaires, ces presbytériens écossais qui, au 17ème siècle, subirent de cruelles persécutions pour prix de leur fidélité à la foi réformée. William Cunningham sera, toute sa vie durant, très fier d’avoir un si noble sang coulant dans ses veines .
Son père, hélas ! meurt en 1811 après une chute à cheval. Dès lors, la mère du jeune William devient dépendante de son frère et de son cousin pour vivre. Elle s’efforce d’inculquer à son foyer la piété biblique qui l’anime. Malheureusement, le jeune garçon n’est pas réceptif.

Côté éducation, William suit un parcours classique. Il commence ses études à l’école du coin. Rapidement, un constant s’impose à tous : cet enfant est brillant, doué d’une vivacité hors du commun. Durant ces quelques années d’études il développera un goût prononcé pour la lecture, particulièrement pour les récits de batailles et les ouvrages classiques.
En 1820 il intègre l’université d’Édimbourg et montre un intérêt particulier pour la littérature et la philosophie. Néanmoins, la théologie ne l’intéresse pas. Pas encore. Ces premières années à l’université sont aussi marquées par son mépris envers la figure montante du parti évangélique : Thomas Chalmers.
Mais en 1825 les choses changent. Sous le ministère de Robert Gordon, le jeune William se convertit suite à l’écoute d’une prédication sur la régénération. En 1828 il rencontre pour la première fois Thomas Chalmers et s’entretient avec lui, ses sentiments à son encontre ayant changé du tout au tout. En décembre de la même année, il est licencié par son presbytère. Quelques peu de jours plus tard il prêche son premier sermon sur le Psaume 23, verset 6, intitulé : « La sécurité et la confiance du croyant ».

Fait particulièrement notable, William Cunningham aura lu, durant le temps de ses études, pas moins de 530 ouvrages sans compter les articles et magazines.

II. Rév. William Cunningham

Un peu moins de deux ans après l’obtention de sa licence, William Cunningham accepte un appel de la congrégation de Greenock. Il y est ordonné en octobre 1830. Durant le temps de son ministère dans cette congrégation, un certain nombre d’évènements notables vont se produire.
Le jeune pasteur se voit obligé de prendre part à une controverse suscitée par un dénommé John Macleod Campbell, la « Row Controversy ». Campbell enseignait que la substitution pénale n’était pas nécessaire et que la mort du Christ sauvait tous les hommes. Cunningham le combat férocement. Lors du procès ecclésiastique de Campbell, il est désigné pour apporter la preuve de sa culpabilité et accomplit son devoir avec rigueur. Cette controverse trouvera un écho jusque dans la congrégation même de Greenock : en effet, Cunningham sera contraint de déposer l’un de ses anciens gagné aux idées de Campbell.
En 1833, Cunningham se fait connaître de toute l’Église en soutenant vaillamment, devant l’assemblée générale, une motion de Thomas Chalmers par un discours de… 2h !
En 1834 il épouse Janet Denniston avec laquelle il aura 5 filles et 6 garçons.
Finalement, le jeune William a la joie de voir sa congrégation croître et prospérer sous ses soins.

Une congrégation d’Édimbourg lui adresse un appel en 1834. Cunningham accepte cet appel et hérite d’une congrégation presque vide, mais qui, grâce à son ministère, ne va pas tarder à reprendre des couleurs. Il décide également de suivre le modèle de Chalmers concernant l’organisation des congrégations et l’œuvre des anciens. Il est lui-même particulièrement actif dans la supervision des écoles.
De nouveau, Cunningham se retrouve au cœur de plusieurs controverses. Il luttera notamment contre la réhabilitation du papisme dans la société. Le combat contre l’Église romaine sera, pour lui, le combat de toute une vie. Il prend également part à la controverse majeure de l’époque : les Dix ans de conflit. C’est à cette occasion qu’il devient une figure de proue du parti évangélique et orthodoxe. Par ses discours et ses écrits, William Cunningham deviendra un adversaire redoutable, et redouté, de ceux qui défendent les agissements de l’État. À vrai dire, il y a une arme que Cunningham manie encore mieux que tous ses alliés et qui le rend particulièrement dangereux : son acuité théologique et historique. Parmi ses pairs, il est un théologien inégalé et un historien remarquable.

En 1834 se produit la Disruption. William Cunningham rallie bien évidement l’Église libre. La première assemblée générale le désigne pour aller plaider la cause de la jeune Église aux États-Unis d’Amérique.

Avant de nous intéresser à cette nouvelle page de la vie de Cunningham, il nous faut noter que, contrairement à Thomas Chalmers, John Kennedy, Rabbi Duncan et d’autres encore, il ne fut jamais considéré comme un grand prédicateur. Et pour cause, il avait pris l’habitude de rédiger entièrement ses sermons et de les lire (ce qu’il ne fera pourtant jamais lors de ses discours dans les cours d’autorité de l’Église, lesquels étaient extrêmement vivants et précis). Hugh Miller dira même le concernant : « Oh ! que Cunningham puisse prêcher un sermon ». Ce « défaut » dans son art oratoire ne sert qu’à mieux mettre en lumière l’immense exploit de s’être hissé tout en haut de la pyramide des grands hommes de l’époque. C’est par sa connaissance et son érudition que Cunningham s’est fait un nom. Et c’est pour sa connaissance et son érudition qu’il fût aimé de tous.

III. Voyage sur le nouveau continent

Son voyage vers le nouveau monde ne commence pas sous les meilleurs auspices. En effet, William Cunningham perd son fils de 4 ans, des suites d’une coqueluche, juste avant son départ.

Arrivé aux États-Unis, il est chargé d’aller faire campagne dans les États du nord. Il y rencontre le Dr Charles Hodge, avec lequel il liera une amitié durable. Sa campagne est un succès en tout point. Lors de son retour en Écosse, juste à temps pour l’assemblée générale de 1844, il voit son compte rendu approuvé chaleureusement par tous.

Ce voyage sera malheureusement l’occasion d’une controverse à propos des dons reçus par les Églises du sud soutenant l’esclavage. Controverse amère et stérile dont la jeune Église aurait bien fait de se passer.

IV. Dr Cunningham

À peine de retour, Cunningham est désigné comme professeur d’Histoire assistant au Nouveau Collège. En 1845 il est désigné professeur d’Histoire après le décès soudain de David Welsh. En 1847, après le mort de Chalmers, le poste de principal est proposé à Robert Gordon, mais ce dernier le refuse. L’assemblée se tourne alors vers Cunningham qui accepte d’endosser cette lourde responsabilité.

Sous sa conduite le Nouveau Collège va prospérer. William Cunningham est un principal et un professeur aimé et apprécié de tous. Il profitera de ses nouvelles responsabilités pour publier plusieurs articles qui paraîtront dans différentes revues.
Néanmoins une nouvelle controverse ne tarde pas à l’occuper, cette fois-ci elle l’oppose à l’un de ses collègues : Robert Candlish (celui-là même qui avait eu maille à partir avec Hugh Miller). Candlish désire que l’Église libre ouvre d’autres collèges, ailleurs dans le pays, pour former des pasteurs. Cunningham s’y oppose, arguant que l’Église n’a pas les reins suffisamment solides pour proposer un enseignement de qualités en plusieurs endroits. La tension monte, et avec elle l’amertume entre les deux hommes. L’assemblée générale décide finalement de suivre Candlish, à tord, comme le prouveront les années suivantes.

V. Les derniers faits d’armes et la mort

En 1858 Cunningham perd soudainement la vue de l’œil droit. L’inquiétude pour sa santé est grande. Cet évènement le conduira à se réconcilier avec Candlish.
En 1859, l’Église décide de l’honorer et de le remercier pour toutes ces années de bons et loyaux services. Il est désigné modérateur de la vénérable assemblée générale.
L’année suivante, en 1860, il prêche son dernier sermon en tant que modérateur sortant.

Le 14 décembre 1861, soit 33 ans jour pour jour après avoir prêché son premier sermon, William Cunningham s’éteignait paisiblement chez lui. Le théologien de l’Église libre s’en était allé, après une vie au service du Christ et de l’Évangile. Après une vie de controverses aussi, conformément à une intuition qui, avec le temps, prit des allures de prophétie. Mais chez Cunningham comme chez Chalmers, Miller, Begg, Kennedy et les autres, la controverse n’éclipsait en rien la fidélité au Christ, elle en était, au contraire, une composante fondamentale. L’erreur ne se dissipe jamais d’elle-même. Elle est toujours chassée par la lumière de la vérité.

Ses œuvres seront publiées à titre posthume, et tous ceux qui, au travers les années, se sont aventurés à plonger leur âme dedans pourraient dire à quel point le génie théologique de ce brave homme y est palpable. Ainsi, le meilleur moyen de mesurer quelque peu la grandeur de Cunningham, c’est de le lire.

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