UnPresbytérien est heureux de vous présenter une nouvelle série d’articles sur les grands hommes de notre Église. Cette semaine, nous vous présentons James Begg.

Dès lors que j’ai découvert sa vie et son œuvre, j’ai aimé James Begg. Je dois dire qu’il est, parmi les grands hommes que nous avons entrepris de présenter dans cette série, mon préféré (avec son ami Hugh Martin que nous présenterons bientôt). James Begg n’était pas à proprement parler un génie. Il n’était pas non plus un théologien de classe mondiale ni un prédicateur hors pair. Mais il était un ministre intègre, résolu et déterminé. Il était prêt à se battre pour la vérité avec une fougue et une énergie incommensurable, qui n’est pas sans rappeler le grand Athanase d’Alexandrie quelques siècles auparavant. C’est à la force de sa foi inébranlable que Begg s’est fait une place parmi les géants de son époque. C’est à la faveur de son courage et de son intégrité que l’Église de Chalmers et la théologie de Cunningham sont passées à la postérité.

I. Jeunesse et éducation

James Begg, fils de James et Mary Begg, nait le 31 octobre 1808 à New Monkland. Il est « un fils de la manse » comme on dit en Écosse, c’est-à-dire un fils de pasteur (la manse étant le nom donné à la maison du pasteur). Son père semble avoir été le prototype du bon et pieux ministre de l’Évangile, solide dans la foi et tendre envers son troupeau.
Comme les Cunningham, les Begg sont descendants des Covenantaires – ce qui fera toujours la fierté de James. La famille Begg est connue pour sa fermeté et son intégrité envers ce qu’elle considère être la vérité. Cette fermeté et cette intégrité habiteront James autant qu’elles habitaient ses aïeux. Une anecdote permet de se le figurer : les Begg étaient une famille traditionnellement membre de l’Église réformée presbytérienne d’Écosse, une Église séparée de l’Église nationale et héritière de la frange la plus radicale des Covenantaires, celle qui refusa les acquis de la « Glorieuse Révolution ». Lorsque le père de James entra dans le ministère au sein de l’Église nationale, sa propre mère refusa de venir l’entendre prêcher ne serait-ce qu’une seule fois ! 

Côté éducation, James entame son cursus scolaire dans l’école paroissiale. À 12 ans il rejoint l’université de Glasgow pour y étudier en vue du ministère. Le fort tempérament du garçon se manifeste rapidement. Malgré son jeune âge, James est capable de détecter les enseignements non conformes à la sainte doctrine. À ce titre il épinglera M. Milne son professeur de philosophie morale. Stevenson MacGill aura cependant une influence positive sur lui, notamment en le sensibilisant aux problèmes sociaux de l’époque. 
Lors de sa dernière année à l’université, James étudie sous Thomas Chalmers et, malgré tout le respect qu’il lui porte, ne peut s’empêcher de le penser naïf dans sa défense des catholiques romains en vue d’une potentielle émancipation. La lutte contre le catholicisme romain sera, pour Begg, le combat de toute une vie. 

Finalement, le jeune homme est licencié par son presbytère le 10 juin 1829. Peu de temps après, il devient l’assistant du pasteur James Buchanan et œuvre beaucoup parmi les pauvres. 

II. Révérend James Begg

James Begg est ordonné le 18 mai 1830. Il restera pasteur jusqu’au jour de sa mort, quelque 53 ans plus tard.
Ses deux premières congrégations sont des « chapelles », autrement dit de petites congrégations. La particularité de ces chapelles étant que les ministres qui s’y trouvent n’ont pas voix au chapitre dans les cours d’autorité de l’Église. Et cela va rapidement poser un problème au jeune homme. En effet, nous sommes au début des années 30 et, déjà, la tension monte dans les rangs de l’Église. James le sent bien, et il ne compte pas rester sur la touche.
Ainsi, il accepte en 1831 l’appel d’une congrégation – en bonne et due forme – à Paisley. L’année suivante il siège à l’Assemblée générale pour la première fois de sa vie. Elle deviendra son terrain de jeu.

En 1835 Begg accepte l’appel d’une congrégation à Édimbourg, Libberton Kirk. C’est à cette époque qu’il épouse Margaret Campbell, laquelle lui donnera cinq enfants, dont trois seulement survivront. Margaret fut la femme de pasteur par excellence. Elle tâcha de seconder au mieux son mari, notamment dans le soin prodigué aux pauvres en son absence. Hélas, elle mourra en 1845.

Lorsque se produit la Disruption James rallie naturellement l’Église libre. Il perd alors sa place de ministre dans la congrégation de Libberton Kirk. Mais en 1845, il accepte l’appel de la congrégation de Newington, à Édimbourg toujours. Il y demeurera jusqu’à sa mort. L’année suivante il épouse Maria Faithful avec laquelle il aura sept enfants (six garçons et une fille).

Durant son ministère à Édimbourg, Begg ne se contentera pas d’annoncer fidèlement tout le conseil de Dieu. Il prendra également soin de s’occuper des problèmes sociaux de son troupeau. Il encouragera notamment la création d’une association qui bâtira pas moins de 900 maisons destinées aux ouvriers ! Par ses articles, ses essais et ses campagnes il luttera pour plus de tempérance, de justice et pour que l’Église prenne ses responsabilités dans les problèmes que rencontre la société. 

III. Le fer de lance du parti constitutionnaliste

De 1863 à 1873 a lieu une controverse qui menace l’unité de l’Église libre, appelée « la première controverse d’union ». C’est au cours de cette controverse que James Begg se révélera être un géant de l’Église. À cette époque une majorité de pasteurs de l’Église libre se montre favorable à une union avec l’Église presbytérienne unie. Néanmoins, une minorité de pasteurs s’y oppose résolument arguant que les deux Églises n’ont pas la même foi. Ils trouveront en Begg le fer de lance dont ils avaient besoin. En effet, comme il l’affirmera en tant que modérateur de l’Assemblée générale de 1865, une union sans la vérité de Dieu n’est rien d’autre qu’une « conspiration contre la vérité ». L’année suivante il créera l’association pour la défense de l’Église libre qui publiera un journal, The Watchword, permettant de faire raisonner la voix de la minorité. James se fait alors beaucoup d’ennemis. Son pendant parmi la majorité, le principal Robert Rainy, ira même jusqu’à le qualifier de « mauvais génie de l’Église libre ». Mais l’homme est dur au mal. Il ne recule devant rien, et ne courbe l’échine devant personne. Sa pugnacité lui vaut la crainte et le respect de ses adversaires (voir cet article). Assemblée après assemblée il se bat, au nom des siens, pour faire échouer une telle entreprise. En 1873, alors que la division semble être devenue inévitable, la majorité décide de faire demi-tour. Ils renoncent à l’union. Begg et les constitutionnalistes triomphent. 

Avant, pendant et après la première controverse d’union, Begg ne cessera de défendre la foi réformée telle que confessée par l’Église libre. Il poursuivra sa lutte acharnée contre le papisme, en publiant notamment la revue The Bulwark of the Reformation. Il s’opposera vaillamment à l’introduction d’hymnes non inspirés et d’instruments de musique dans le culte public. Il combattra le libéralisme rampant de certains ministres. Sa fermeté et sa fidélité à la vérité en font un véritable rempart contre les ennemis de l’Église. Un roc dans une Église qui ne cesse de se fragiliser. 

IV. Les dernières années et la mort

Les années 80 vont être compliquées pour James Begg qui souffre physiquement (notamment dû à son diabète). Mais vous l’aurez certainement compris, il n’est pas du genre à baisser les bras ou à prendre sa retraite. Il prêchera jusqu’à son dernier souffle. En septembre 1883 le brave homme attrape un rhume et meurt quelques jours plus tard. Deux milles personnes participeront à ses funérailles au cimetière Newington d’Édimbourg. Sa mort laisse des fidèles attristés et les constitutionnalistes orphelins.

James Begg n’est plus. Et bientôt les négociations en vue d’une union reprendront. Les constitutionnalistes, affaiblis par cette perte, ne pourront plus guère peser dans la balance. Rainy et la majorité savourent leur revanche : l’union est consommée en 1900. Mais l’Église libre continuera d’exister au travers une poignée de ministres fidèles, les héritiers de James Begg. 

James Begg n’avait pas le génie réformateur d’un Chalmers ou le prodige théologique de Cunningham, ni même encore le talent oratoire des grands prédicateurs que furent John Duncan et John Kennedy, mais il était doté d’une intégrité et d’une fermeté dans la foi sans lesquelles l’Église de ces grands hommes aurait probablement disparu. James Begg comptait « mourir comme un homme honnête et cohérent », c’est chose faite. À son entrée dans le ciel, il y a fort à parier qu’il fût accueilli par ces mots : « C’est bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître. » Matthieu 25:23. 

Au centre de l’image : James Begg en compagnie de William Cunningham.

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