Alors qu’un rapport partiel avait été présenté à l’Assemblée générale de 1946 de l’OPC, la minorité du comité a présenté son rapport complet, le rapport minoritaire, à l’Assemblée générale de 1947, traitant de la question : Quels chants peuvent être chantés dans le culte public de Dieu ? Là encore, c’était le cas pour la section du rapport partiel qui traitait de l’enseignement des Standards concernant le principe régulateur du culte, ce rapport est l’œuvre intégrale de John Murray. C’est ce rapport que nos reproduisons ci-dessous1.


Le comité susmentionné a présenté à la treizième Assemblée générale un rapport portant sur la question du principe régulateur du culte. Ce principe veut que le mandat divin, ou l’autorisation divine, soit requis pour chaque élément entrant dans le culte de Dieu. Selon les termes de la Confession de foi de cette Église :

« Mais la façon de rendre un culte au vrai Dieu qui lui est agréable, il l’a instituée lui-même par sa propre volonté révélée, ainsi il ne peut être adoré selon l’imagination et les désirs des hommes, ni selon les suggestions de Satan, ni sous une représentation visible quelconque, ou de quelque autre manière que ce soit non prescrite dans la Sainte Écriture. »

Confession de foi de Westminster, Chapitre XXI, Section i

Conformément au mandat donné par la onzième Assemblée générale, et en accord au principe régulateur énoncé dans le rapport du comité, présenté à la treizième Assemblée générale, la question qui fait l’objet du présent rapport est la suivante : Qu’est-ce que l’Écriture sanctionne ou prescrit en ce qui concerne les chants qui peuvent être chantés dans le culte public de Dieu ?

En traitant cette question, il faut comprendre que le chant de louange à Dieu est un acte distinct du culte. Il doit être distingué, par exemple, de la lecture de l’Écriture et de l’offrande de la prière à Dieu. Il est vrai, bien sûr, que les chants de louange inclus souvent ce qui est de la nature de la prière à Dieu, tout comme il est vrai que dans l’offrande de la prière à Dieu il y a beaucoup de ce qui est de la nature de la louange et de l’action de grâce. Mais il ne convient pas de faire appel à l’autorisation ou au mandat divins que nous possédons quant au contenu de la prière afin de déterminer la question du contenu du chant. La prière est un élément du culte, le chant en est un autre. La similitude ou même l’identité de contenu n’efface en rien la distinction entre ces deux types spécifiques d’exercice dans le culte à Dieu. En raison de cette distinction, nous ne pouvons pas dire que l’offrande de la prière et le chant de louange à Dieu sont la même chose, et tirer argument de l’autorisation divine que nous possédons pour l’un afin de l’autoriser pour l’autre. Un ou deux exemples peuvent être donnés de la nécessité et de l’importance de préserver le caractère distinct des différentes parties du culte, et de déterminer à partir de l’Écriture quelles sont ses prescriptions concernant chaque élément.

Les deux rapports soumis par ce comité sont d’accord sur le fait que certains chants de l’Écriture peuvent être chantés dans le culte public de Dieu. Mais ces chants de l’Écriture peuvent aussi être lus en tant qu’Écriture, et ils peuvent être utilisés dans la prédication. Dans un tel cas, le matériel utilisé est le même. Mais la lecture de l’Écriture n’est pas le même exercice du culte que le chant, et la prédication n’est pas non plus la même chose que le chant ou la lecture de l’Écriture. Le même type de distinction s’applique aux exercices de la prière et du chant, même si le contenu est identique.

La cène du Seigneur est un acte d’action de grâce, tout autant que de commémoration et de communion. Mais bien que la participation au pain et au vin inclut une action de grâce, tout comme la prière et le chant, cependant la célébration de la cène du Seigneur est un acte du culte distinct à la fois de la prière et du chant, et les prescriptions divines concernant la célébration de la cène du Seigneur ne peuvent être déterminées par les prescriptions divines concernant la prière ou le chant, mais doivent plutôt être dérivées de la révélation que Dieu a donnée concernant l’observation de cet élément distinct du culte de Dieu.

Par conséquent, la minorité soutient que l’argument utilisé dans le rapport du comité, à savoir que, puisque nous ne sommes pas limités dans nos prières aux mots de l’Écriture ou aux « prières » qui nous sont données dans l’Écriture, alors la même liberté est accordée dans le chant, est invalide. Nous ne pouvons pas argumenter ainsi à partir du mandat divin concernant un élément au mandat divin concernant un autre élément. La question de la prescription divine concernant les chants qui peuvent être chantés dans le culte public de Dieu doit donc être résolue sur la base de l’enseignement de l’Écriture pour ce qui est de cet élément spécifique du culte.

Lorsque nous abordons la question de l’enseignement de l’Écriture, nous constatons que le Nouveau Testament ne nous fournit pas d’instructions abondantes à ce sujet. C’est pour cette raison que nous devons faire preuve d’une grande prudence afin de ne pas dépasser les limites de l’autorisation et du mandat divins. Ce rapport traitera des preuves qui sont directement liées à la question.

Les preuves scripturaires

I. Matthieu 26:30, Marc 14:26. Il nous est dit ici, qu’à l’occasion de la Pâque, Jésus et ses disciples ont chanté un cantique avant de se rendre au mont des Oliviers. Le mot grec est humnesantes, ce qui signifie littéralement « ayant hymné ». Les preuves dont nous disposons à partir d’autres sources veulent indiquer que l’hymne chanté à cette occasion était ce que l’on appelle le Hallel, composé des psaumes 113 à 118. Cet exemple met en évidence les faits suivants.

(1) Aucun mandat, pas le moindre, peut être fourni pour le chant des hymnes non inspirés. Il n’y a aucune preuve qu’un hymne non inspiré ait été chanté à cette occasion.

(2) Les preuves que nous possédons montrent que Jésus et ses disciples ont chanté une partie du psautier.

(3) Le chant a eu lieu en relation avec la célébration du sacrement de l’Ancien Testament, la Pâque, et du sacrement du Nouveau Testament, la cène du Seigneur.

II. 1 Corinthiens 14:15, 26. Paul traite ici de l’assemblée des saints pour le culte. Il dit : « je chanterai d’esprit, mais je chanterai aussi d’une manière à être entendu » (v. 15), « chacun de vous aura ou un psaume […] » (v. 26). A partir du verbe que Paul utilise au verset 15, nous pourrions très bien traduire comme suit :  » je chanterai un psaume d’esprit, mais je chanterai un psaume aussi d’une manière à être entendu », de même qu’au verset 26 il dit : « chacun de vous aura ou un psaume […] ». Nous devons donc conclure que des psaumes étaient chantés dans l’Église de Corinthe et qu’un tel chant a, par implication évidente, la sanction de l’apôtre et il est confirmé par son exemple.

La question se pose : Quels étaient ces psaumes ? Il est possible qu’il s’agisse de psaumes charismatiques. Si tel est le cas, une chose est certaine : il ne s’agissait pas de compositions non inspirées. S’ils étaient charismatiques, ils étaient inspirés ou donnés par le Saint-Esprit. Si nous possédions aujourd’hui de tels psaumes charismatiques, chantés par l’apôtre lui-même dans les assemblées de culte, ou sanctionnés par lui dans le culte de l’Église, nous aurions alors l’autorité nécessaire pour les utiliser dans les chants du sanctuaire. Il se trouve cependant que nous n’avons pas de preuves concluantes de l’existence de ces prétendus psaumes charismatiques. Mais même dans l’hypothèse où il s’agirait de psaumes charismatiques et même dans l’hypothèse où nous en aurions des exemples en Actes 4:23-30 et 1 Timothée 3:16, nous ne disposons pas pour autant d’une autorisation pour l’usage de chants non inspirés dans le culte de Dieu.

Dans l’hypothèse où il ne s’agit pas de psaumes charismatiques, nous devons nous demander : qu’est-ce qu’ils étaient ? Pour répondre à cette question, il suffit d’en poser une autre : quels chants, dans l’usage de l’Écriture, entrent dans la catégorie des psaumes ? Il n’y a qu’une seule réponse. Le livre des Psaumes est composé de psaumes et, par conséquent, selon le principe herméneutique le plus simple, nous pouvons dire que, en termes de langage scripturaire, les chants qui sont à plusieurs reprises appelés psaumes répondent parfaitement à la dénotation et à la connotation du mot « psaume » tel qu’il est utilisé ici. Si l’Écriture inspirée dit : « chacun de vous aura ou un psaume […] », et si l’Écriture appelle aussi les « Psaumes » des psaumes, alors assurément nous pouvons aussi chanter un psaume à la louange de Dieu dans son culte.

En ce qui concerne ces deux textes, nous pouvons dire qu’ils ne nous fournissent aucun mandat, pas le moindre, pour l’usage des hymnes non inspirés. Nous pouvons également dire que, puisque les psaumes que nous possédons dans le psautier sont certainement des psaumes dans la terminologie de l’Écriture elle-même, nous avons ici un mandat divin pour le chant de ceux-ci dans le culte de Dieu.

III. Ephésiens 5:19, Colossiens 3:16. En ce qui concerne ces deux textes il convient de noter, tout d’abord, que Paul ne fait pas nécessairement référence au culte public de Dieu. Le contexte n’indique pas clairement que Paul se limite ici à une exhortation qui concerne l’attitude des croyants les uns par rapport aux autres dans les assemblées du culte. Paul peut très bien être en train de donner une exhortation générale. En effet, le contexte des deux passages semble montrer qu’il exhorte à un certain type d’exercice dans lequel les croyants devraient s’engager les uns par rapport aux autres dans l’accomplissement de cette instruction et de cette édification mutuelles, ce qui est nécessaire à la promotion concertée des intérêts les plus élevés des uns et des autres, et de la gloire de Dieu.

Cette considération n’enlève cependant rien à la pertinence de ces textes pour la question du culte public de Dieu. En effet, si Paul précise que les psaumes, les hymnes et les cantiques spirituels sont les moyens par lesquels les croyants peuvent promouvoir mutuellement la gloire de Dieu et l’édification des uns et des autres dans ces exercices chrétiens plus génériques, ce fait a un rapport très étroit avec la question des moyens apostoliquement sanctionnés et autorisés pour louer Dieu dans le culte du sanctuaire plus spécifiquement. En d’autres termes, si les moyens ou matériel de chant apostoliquement enjoints dans les exercices plus génériques du culte sont les psaumes, les hymnes et les cantiques spirituels, alors assurément rien d’inférieur que les psaumes, les hymnes et les cantiques spirituels ne serait enjoint à l’usage dans les exercices plus spécifiques du culte dans les assemblées de l’Église. Si les psaumes, les hymnes et les cantiques spirituels sont les limites du matériel de chant pour la louange de Dieu dans les actes de culte moins formels, combien plus sont-ils les limites dans les actes de culte plus formels. En ce qui concerne ces deux textes, les considérations suivantes doivent être gardées à l’esprit.

(1) Nous ne pouvons pas déterminer la dénotation ou la connotation des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels par l’usage moderne de ces mêmes mots. La signification et la référence doivent être déterminées par l’usage de l’Écriture.

(2) Certains faits relatifs à l’usage de l’Écriture sont très significatifs.

Le mot psalmos (psaume) apparaît environ 94 fois dans les Écritures grecques, c’est-à-dire 87 fois dans la version de la Septante de l’Ancien Testament et 7 fois dans le Nouveau Testament. Dans la Septante, 78 de ces occurrences se trouvent dans le livre des Psaumes. Dans la grande majorité des occurrences au livre des Psaumes, 67 en tout, il apparaît dans les titres des psaumes. Dans trois des sept occurrences du Nouveau Testament, le mot est immanquablement utilisé en référence aux Psaumes, dans deux occurrences dans l’expression « livre des Psaumes » (biblos psalmon) et dans l’autre occurrence en référence au deuxième psaume. Il est assurément significatif, par conséquent, que dans quelque 70 des 94 occurrences, il soit clairement fait référence au livre des Psaumes ou à des psaumes dans le livre des Psaumes.

Le mot humnos (hymne) apparaît quelque 19 fois dans la Bible grecque, 17 (?) fois dans l’Ancien Testament et 2 fois dans le Nouveau (dans les passages considérés). Sur les 17 occurrences dans l’Ancien Testament, 13 se trouvent dans le livre des Psaumes, dont 6 dans les titres. Dans les sept occurrences qui ne figurent pas dans les titres, il est question, dans chaque cas, de la louange de Dieu ou des chants de Sion. Les quatre autres occurrences dans les autres livres de l’Ancien Testament font également référence aux chants de louange à Dieu.

Le mot odee (cantique) apparaît quelque 86 fois dans la Bible grecque, 80 fois dans l’Ancien Testament et 6 fois dans le Nouveau. En dehors de ces deux passages (Éphésiens 5:19, Colossiens 3:16), il n’apparaît dans le Nouveau Testament que dans le livre de l’Apocalypse. Sur les 80 occurrences dans l’Ancien Testament, 45 se trouvent dans le livre des Psaumes, dont 36 dans les titres des psaumes.

Il est donc assurément évident qu’une grande proportion des occurrences de ces mots se trouve dans le livre des Psaumes. Ces faits en eux-mêmes ne prouvent pas que la référence ici, en Éphésiens 5:19 et Colossiens 3:16, est exclusivement au livre des Psaumes. Mais ces faits ne doivent pas être oubliés lorsque nous cherchons à déterminer le caractère des compositions lyriques mentionnées dans ces deux textes.

(3) Dans le Nouveau Testament, le mot psalmos apparaît sept fois, comme nous venons de le dire. Deux de ces occurrences se trouvent dans les textes que nous considérons. L’une de ces occurrences est 1 Cor. 14:26, un texte déjà traité. Deux occurrences (Luc 20:42, Actes 1:20) font référence au livre des Psaumes (biblos psalmon). Luc 24:44 se réfère clairement à l’Écriture inspirée de l’Ancien Testament et probablement au livre des Psaumes. Actes 13:33 fait référence au deuxième psaume. Dans aucune de ces occurrences, il n’y a de garantie de supposer que les « psaumes » se réfèrent à des compositions humaines non inspirées. Dans la majorité des cas, sans l’ombre d’un doute, il s’agit de l’Écriture inspirée.

Dans le Nouveau Testament, le mot humnos n’apparaît que dans ces deux passages. Le verbe humneo (hymner) apparaît quatre fois (Matthieu 26:30, Marc 14:26, Actes 16:25, Hébreux 2:12). Comme nous l’avons déjà constaté, les passages synoptiques se réfèrent très probablement au chant du Hallel par notre Seigneur et ses disciples. Actes 16:25 se réfère au chant de Paul et Silas en prison. Hébreux 2:12 est une citation de l’Ancien Testament (Psaumes 22:23) – en meso ekklesias humneso se.

Aucune preuve ne peut être tirée de cet usage pour justifier l’utilisation d’hymnes non inspirés.

En dehors de ces deux exemples, le mot odee n’apparaît dans le Nouveau Testament qu’en Apocalypse 5:9, 14:3(2), 15:3.

On ne peut donc tirer du Nouveau Testament aucune preuve que ces mots puissent être utilisés ici (Eph. 5:19, Col. 3:16) en référence à des cantiques non inspirés. Même si odee est utilisé dans le livre de l’Apocalypse en référence à des cantiques autres que ceux du livre des Psaumes, il n’est pas utilisé en référence à des compositions humaines non inspirées, mais en référence à des cantiques inspirés.

(4) Nous en venons maintenant à l’examen de certains faits qui sont encore plus significatifs que ceux déjà discutés. Le livre des Psaumes est composé de psaumes, d’hymnes et de cantiques. Nous avons déjà constaté que l’écrasante majorité des occurrences de ces mots dans les deux Testaments se réfère au livre des Psaumes. Nous en venons maintenant à discuter de la signification de ces mots dans les titres des Psaumes.

Dans la Septante, psalmos apparaît 67 fois dans les titres des Psaumes. Dans la plupart des cas, il s’agit de la traduction de l’hébreu mismor, mais quelques fois il traduit d’autres mots hébreux. Psalmos signifie simplement « chant de louange ». La fréquence avec laquelle le mot psalmos apparaît dans les titres est probablement la raison pour laquelle le livre des Psaumes est appelé, dans la version des LXX, simplement psalmoi. En hébreu, il est appelé tehillim.

Il est donc parfaitement évident que les auteurs du Nouveau Testament, qui connaissaient l’Ancien Testament en grec, avaient nécessairement à l’esprit le livre des Psaumes lorsqu’ils ont utilisé le mot psalmos. Il n’y a pas d’autre élément de preuve qui commence à prendre l’importance du sens du mot « psaume » dans le Nouveau Testament que ce simple fait, à savoir que le livre des Psaumes était appelé simplement « Psaumes » (psalmoi). L’usage du Nouveau Testament lui-même le manifeste au-delà de tout doute. Les Psaumes y sont appelés le livre des Psaumes.

Il n’y a rien dans le contexte de ces deux passages qui nous oblige à considérer les « psaumes » comme des compositions non inspirées. D’autre part, il y a abondance d’exemples dans l’usage de l’Écriture ailleurs, qui montrent que le mot « psaume » se réfère à une composition inspirée. De plus, il n’y a aucun cas dans lequel le mot « psaume », utilisé en référence à un chant de louange à Dieu, puisse être considéré comme une référence à un chant non inspiré. Il est donc tout à fait injustifié de considérer les « psaumes » de ces deux passages comme désignant des chants non inspirés, alors qu’il y a d’abondantes raisons de les considérer comme dénotant des compositions inspirées. Par conséquent, si nous suivons la ligne de preuve fournie par l’Écriture, nous sommes obligés de trouver les « psaumes » mentionnés ici dans les limites de l’inspiration.

Comme nous l’avons constaté, le mot humnos apparaît environ 17 fois dans la version des Septante. Dans treize cas, il apparaît dans le livre des Psaumes. Dans cinq ou six cas, il apparaît dans les titres des Psaumes comme la traduction de l’hébreu neginoth ou neginah. Il est significatif qu’à plusieurs reprises, dans le texte des Psaumes, humnos traduise le mot hébreu tehillah, qui est le mot utilisé pour désigner le livre des Psaumes en hébreu. Cela montre que les psaumes peuvent être appelés hymnes, et que les hymnes sont des psaumes. Les psaumes et les hymnes ne s’excluent pas mutuellement. Un psaume peut être, non seulement un psaume, mais aussi un hymne.

Ces faits montrent que lorsque, dans l’usage de l’Écriture, nous cherchons le type de composition que l’on entend par « hymne », nous le trouvons dans les Psaumes. Et nous n’avons aucune preuve qu’un hymne, dans l’usage de l’Écriture, désigne une composition humaine non inspirée.

Le mot odee apparaît beaucoup plus fréquemment dans les titres des Psaumes que le mot humnos, mais pas aussi fréquemment que le mot psalmos. Il y a environ 36 occurrences. Il traduit généralement le mot hébreu shir, mais pas toujours. Il se traduit parfois mismor, le mot généralement traduit par psalmos. Odee apparaît si fréquemment dans les titres des psaumes que sa signification est certainement influencée par cet usage.

La conclusion à laquelle nous sommes conduits est donc que la fréquence avec laquelle ces mots apparaissent dans ce livre de l’Ancien Testament, qui est unique en ce sens qu’il est un recueil de chants composés à différentes époques et par différents auteurs inspirés, le livre qui se tient distinctement et seul, comme étant composé de psaumes, d’hymnes et de cantiques, tendrait très certainement à fixer le sens de ces mots dans l’usage des auteurs inspirés. Le fait est simplement qu’il n’y a pas d’autre donnée, au-delà de toute dispute, qui puisse être comparée à la signification du langage de la Septante dans la résolution de cette question. En conjonction avec la seule preuve positive que nous ayons dans le Nouveau Testament, cette preuve mène de façon prépondérante à la conclusion que lorsque Paul a écrit « psaumes, hymnes et cantiques spirituels », il s’attendait à ce que l’esprit de ses lecteurs pense à ce qui était, dans les termes mêmes de l’Écriture, « psaumes, hymnes et cantiques spirituels », à savoir le livre des Psaumes.

(5) Les faits ne permettent pas de conclure que l’apôtre ait voulu signifier par « psaumes, hymnes et cantiques spirituels » trois groupes ou types distincts de compositions lyriques. Il est significatif à cet égard que, dans quelques cas, les titres des Psaumes contiennent ces trois mots. Dans de nombreux cas, les mots « psaume » et « cantique » figurent dans le même titre. Cela montre qu’une composition lyrique peut être à la fois un psaume, un hymne et un cantique.

Les mots, bien sûr, ont leurs propres significations distinctes, et ces significations distinctes peuvent indiquer la variété et la richesse du matériel de chant que l’apôtre a en vue. Paul utilise trois mots qui, dans l’usage établi de l’Écriture, désignent la riche variété des compositions lyriques qui convenaient au culte de Dieu dans le service du chant.

(6) Paul précise que les cantiques sont « spirituels » – odais pneumatikais. S’il est une chose qui ressort de toute évidence de l’usage du mot pneumatikos dans le Nouveau Testament, c’est qu’il fait référence au Saint-Esprit et signifie, dans des contextes tels que celui-ci, « donné par l’Esprit ». Sa signification n’est pas du tout, comme le soutient Trench, « une chose composée par des hommes spirituels, et mue dans la sphère des choses spirituelles » (Synonyms, lxxviii). Il signifie plutôt, comme le souligne Meyer, « procédant du Saint-Esprit, comme theopneustos » (Com. on Eph. 5:19). Dans ce contexte, le mot signifierait « composé par l’Esprit », tout comme en 1 Corinthiens 2:13 logois . . pneumatikois sont « des paroles inspirées par l’Esprit » et « enseignées par l’Esprit » (didaktois pneumatos).

La question se pose évidemment : pourquoi le mot pneumatikos qualifie-t-il odais et non psalmois et humnois ? Une réponse raisonnable à cette question est que pneumatikais qualifie les trois datifs et que son genre (fem.) est dû à l’attraction du genre du nom qui lui est le plus proche. Une autre possibilité, rendue particulièrement plausible par l’omission de la copulative en Colossiens 3:16, est que les « cantiques spirituels  » sont le genre dont les « psaumes » et les « hymnes » sont les espèces. C’est le point de vue de Meyer, par exemple.

Dans l’une ou l’autre de ces hypothèses, les psaumes, les hymnes et les cantiques sont tous « spirituels », et par conséquent tous inspirés par le Saint-Esprit. L’incidence de ce point sur la question en jeu est parfaitement évidente. Les hymnes non inspirés sont immédiatement exclus.

Mais nous devons admettre la possibilité que le mot « spirituels », dans la structure grammaticale de la clause, se limite au mot « cantiques ». Dans cette hypothèse, les « cantiques » sont qualifiés de « spirituels », et par conséquent qualifiés d’inspirés ou de composés par le Saint-Esprit. Ceci, au moins, devrait être tout à fait clair.

La question qui se pose alors est la suivante : est-ce que ce sont simplement les « cantiques » qui doivent être inspirés, alors que les « psaumes » et les « hymnes » peuvent ne pas l’être ? Le fait de poser la question montre le caractère déraisonnable d’une telle hypothèse, surtout si l’on garde à l’esprit tout ce qui a déjà été montré au sujet de l’usage de ces mots. Pour quel motif concevable Paul aurait-il insisté sur le fait que les « cantiques » devaient être divinement inspirés, alors que les « psaumes » et les « hymnes » n’avaient pas besoin de l’être ? Dans l’usage de l’Écriture, il n’y avait pas de distinction absolue entre les psaumes et les hymnes, d’une part, et les cantiques, d’autre part. Il serait tout à fait impossible de trouver un motif valable pour une telle discrimination dans la prescription apostolique.

Le caractère déraisonnable d’une telle supposition apparaît d’autant plus probant si l’on se rappelle l’usage que l’Écriture fait du mot « psaumes ». Il n’y a pas la moindre preuve pour supposer que, dans cet usage de la part de l’apôtre, le mot « psaume » puisse signifier une composition humaine non inspirée. Au contraire, tout concourt à établir la conclusion inverse.

Nous voyons donc que les psaumes sont inspirés. Les cantiques sont inspirés parce qu’ils sont qualifiés de « spirituels ». Qu’en est-il alors des hymnes ? Peuvent-ils être non inspirés ? Comme déjà indiqué, cela serait un hypothèse tout à fait déraisonnable de soutenir que l’apôtre aurait exigé que les cantiques soient inspirés alors que les psaumes et les hymnes ne le seraient pas. Cette hypothèse est d’autant plus convaincante que nous reconnaissons, comme nous l’avons établi, que les psaumes et les cantiques étaient inspirés. En effet, cela serait une discrimination étrange que les hymnes ne soient pas inspirés, et que les psaumes et les cantiques le soient. Mais il serait étrange jusqu’à l’absurde que Paul soit censé insister sur le fait que les cantiques doivent être inspirés et les hymnes non. Quelle distinction peut-on établir entre un hymne et un cantique qui rendrait nécessaire que ce dernier soit inspiré alors que le premier ne le serait pas ? En fait, nous ne pouvons pas être sûrs qu’il y ait une distinction en ce qui concerne la dénotation réelle. Même si nous maintenons la distinction entre les couleurs de chaque mot, il n’y a aucune raison de découvrir pourquoi une distinction aussi radicale que celle entre l’inspiration et la non-inspiration pourrait être maintenue.

La seule conclusion à laquelle nous pouvons arriver est donc que les « hymnes » en Éph 5:19 et Col 3:16 doivent se voir accorder la même qualité « spirituelle » que celle accordée aux « psaumes » par implication évidente et aux « cantiques » par qualification expresse, et que cela était considéré comme acquis par l’apôtre, soit parce que le mot « spirituels » serait considéré comme qualifiant les trois mots, soit parce que les « cantiques spirituels  » étaient le genre dont les « psaumes » et les « hymnes » étaient les espèces, soit parce que, dans l’usage de l’Église, les « hymnes » comme les « psaumes » étaient reconnus à part entière et, en raison du contexte dans lequel ils sont mentionnés, n’appartenaient à aucune autre catégorie, en ce qui concerne leur qualité de « spirituels », que la catégorie occupée par les psaumes et les cantiques.

En ce qui concerne ces deux passages, nous sommes donc obligés de conclure :

(a) Il n’y a aucune raison de penser que les « psaumes, hymnes et cantiques spirituels » puissent se référer à des compositions humaines non inspirées. Ces textes ne nous autorisent nullement à chanter des chants non inspirés dans le culte de Dieu.

(b) Il est justifié de conclure que les « psaumes, hymnes et cantiques spirituels » se réfèrent à des compositions inspirées. Ces textes nous fournissent donc une justification pour le chant de chants inspirés dans le culte de Dieu.

(c) Le livre des Psaumes nous fournit des psaumes, des hymnes et des cantiques qui sont inspirés et, par conséquent, le genre de compositions dont il est question en Éph 5:19 et Col 3:16.

Conclusions générales

Cette étude des preuves tirées de l’Écriture montre, de l’avis de la minorité, qu’il n’y a aucune preuve tirée de l’Ecriture qui puisse être présentée pour justifier le chant de compositions humaines non inspirées dans le culte public de Dieu. Le rapport du comité maintient que nous avons une justification pour l’usage de tels chants. La minorité est bien consciente de la plausibilité des arguments du comité, à savoir l’argument tiré de l’analogie de la prière et l’argument tiré de la nécessité d’élargir le contenu du chant pour suivre l’expansion de la révélation donnée dans le Nouveau Testament. Le premier de ces arguments a été traité dans la première partie de ce rapport. Le second est beaucoup plus convaincant. Deux considérations méritent cependant d’être mentionnées en guise de réponse.

(i) Nous n’avons aucune preuve, ni dans l’Ancien Testament ni dans le Nouveau, que l’expansion de la révélation ait été exprimée dans l’exercice dévotionnel de l’Église par des chants de louange non inspirés. C’est un fait que l’on ne peut ignorer. Si nous possédions la preuve qu’à l’époque de l’Ancien Testament, l’Église exprimait la révélation au fur et à mesure qu’elle progressait en chantant des chants non inspirés dans le culte de Dieu, alors l’argument de l’analogie serait plutôt concluant, surtout si l’on tient compte du silence relatif du Nouveau Testament. Mais aucune preuve n’a été apportée quant à l’usage de chants non inspirés dans le culte de l’Ancien Testament. Ou, si des exemples d’usage de chants non inspirés dans le culte du Nouveau Testament pouvaient être présentés, alors l’argument du comité serait établi. Mais les cas mêmes présentés par le comité pour montrer qu’il y avait une expansion des chants dans le Nouveau Testament ne montrent pas que des chants non inspirés étaient employés. Nous sommes donc obligés de conclure que, puisqu’il n’y a aucune preuve de l’usage de chants non inspirés dans la pratique de l’Église dans le Nouveau Testament, l’argument du comité ne peut pas plaider une autorisation des Écritures. L’Église de Dieu doit, dans ce domaine, comme dans tous les autres domaines relatifs au contenu du culte, se limiter à l’autorisation de l’Écriture, et la minorité affirme que nous ne possédons pas de preuve permettant de plaider en faveur de l’usage de chants non inspirés dans le culte public de Dieu.

L’argument du comité selon lequel « le Nouveau Testament traite des conditions de l’Église primitive qui n’ont pas été maintenues et qui ne peuvent constituer notre norme actuelle » ne tient pas compte du caractère normatif de l’Écriture. Il est vrai que nous n’avons pas aujourd’hui le don d’inspiration et donc que nous ne pouvons pas composer des chants inspirés. Mais l’Écriture nous prescrit la manière dont nous devons rendre un culte à Dieu dans les conditions qui sont permanentes dans l’Église. Et puisque l’Écriture justifie et prescrit l’usage de chants inspirés, mais ne justifie pas l’usage de chants non inspirés, nous devons nous limiter au matériel inspiré mis à notre disposition par l’Écriture elle-même. En d’autres termes, l’Écriture ne nous fournit aucune justification pour l’exercice des dons que l’Église possède actuellement dans la composition du contenu actuel des chants.

(ii) Si l’argument tiré de l’expansion de la révélation est appliqué dans les limites de l’autorisation de l’Écriture, alors le maximum que l’on puisse établir concerne l’usage des chants du Nouveau Testament ou du matériel du Nouveau Testament adapté au chant. Principalement, la minorité n’est pas jalouse pour insister sur le fait que les chants du Nouveau Testament ne peuvent pas être utilisés dans le culte de Dieu. Ce que nous sommes le plus jaloux de maintenir, c’est que l’Écriture autorise l’usage de chants inspirés, c’est-à-dire de chants scripturaires, et que le chant de chants autres que les chants scripturaires dans le culte de Dieu n’est pas justifié par la Parole de Dieu et par conséquent interdit.

Sur la base de ces études, la minorité soumet respectueusement à la quatorzième Assemblée générale les conclusions suivantes :

1. Il n’y a pas de justification dans l’Écriture pour l’usage de compositions humaines non inspirées dans le chant de la louange de Dieu dans le culte public.

2. Il existe une autorisation explicite pour l’usage de chants inspirés.

3. Les chants du culte divin doivent donc être limités aux chants de l’Écriture, car eux seuls sont inspirés.

4. Le livre des Psaumes nous fournit le genre de compositions pour lesquelles nous avons l’autorité de l’Écriture.

5. Nous sommes donc certains de la sanction et de l’approbation divines dans le chant des Psaumes.

6. Nous ne sommes pas certains que d’autres chants inspirés étaient destinés à être chantés dans le culte de Dieu, même si l’usage d’autres chants inspirés ne viole pas le principe fondamental sur lequel l’autorisation de l’Écriture est explicite, à savoir l’usage de chants inspirés.

7. En raison de l’incertitude concernant l’usage des autres chants inspirés, nous devrions nous limiter au livre des Psaumes.

  1. Ce rapport a été traduit du matériel édité par Sherman Isbell, consultable en ligne, que nous reproduisons avec son autorisation. ↩︎

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